Philippe Masset, le dirigeant du groupe belge de 63 milliards d’euros d’actifs a été limogé vendredi sur fond de manquements aux procédures anti-blanchiment et de rumeurs de cession.
Par Anne Drif Publié le 27/08 à 16h36Mis à jour le 27/08 à 17h02
Secousses dans la banque privée belge. Vendredi, Degroof Petercam, le premier groupe privé indépendant de Belgique avec 63 milliards d’euros d’actifs a débarqué son dirigeant Philippe Masset, le pilote de sa fusion en 2014, sur fond de rumeurs de vente. « Il n’y avait plus de confiance mutuelle suffisante entre les parties pour poursuivre notre coopération », a justifié le groupe belge dans un communiqué, annonçant dans la foulée l’arrivée de Bruno Colmant, membre de son conseil d’administration.
« Un profil plus consensuel avec les autorités »
Philippe Masset paie, dit-on, l’audit sévère mené par la Banque nationale de Belgique en matière de procédures anti-blanchiment, alors que les scandales éclaboussent le nord de l’Europe. Sa gestion du dossier aurait irrité les actionnaires, qui lui auraient préféré un profil moins frontal et plus consensuel avec les autorités. « Bruno Colmant est très introduit dans le monde des affaires comme au sein des institutions publiques. Il entretient de bons rapports avec les institutions, un facteur important actuellement », indique-t-on au sein du groupe Degroof.
Cette décision intervient alors que les rumeurs d’une vente du groupe belge restent insistantes. Marc Raisière, le patron de Belfius (ex-Dexia), dont l’introduction en Bourse a été maintes fois reportée, ne fait pas mystère de son intérêt pour Degroof. Depuis des mois, avec Pictet et ABN Amro, acquéreur en juillet de la banque privée en Belgique de Société Générale, son nom est cité comme candidat au rachat potentiel de Degroof.
Cobepa prêt à sortir du capital ?
Des rumeurs qui agacent fortement en interne. « Comment cela peut il être crédible compte tenu du morcellement du capital et des différents intérêts des actionnaires ? Et ce, alors même que le groupe est en pleine refonte après l’audit de la Banque nationale ? », interroge ainsi une source. La famille fondatrice de Degroof (Philipsson), s’est en effet associée au fil des ans avec les Haegelsteen, les Shockert et les Siaens, ainsi que l’armateur Cigrang et fait entrer le holding d’investissement Cobepa en 2010. Lors de la fusion avec Petercam quatre ans plus tard, les Peterbroeck et Van Campenhout sont aussi entrés au capital. Ensemble, ces actionnaires détiennent de concert 72,3 % du capital aux côtés de partenaires financiers et du management.
Les allusions de Belfius en particulier, une banque soutenue par l’Etat belge, irritent le gérant de grandes fortunes privées. Ce qui serait plus certain, en revanche, indique-t-on en interne, est la réflexion du holding Cobepa, actionnaire depuis neuf ans, autour d’une cession de ses 15,6 % du capital. « Mais tout est à l’arrêt compte tenu de l’audit », croit-on savoir. Interrogée, Degroof Petercam se refuse en tout cas à tout commentaire.
Anne Drif
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